vendredi 11 juillet 2008

Sérigne Mamoune NIASS à Boghé

Boghé : Sérigne Mamoune Niass rencontre les disciples de son père

Des centaines de fidèles de la communauté Tidjane d’obédience niassène de Boghé ont accueilli avec pompe mercredi après-midi l’un des guides de la confrérie, Sérigne Mamoune Niass, fils du Cheikh Al Islam, El Hadj Ibrahima Niass, messie de la fayda et de la tarbiyya tidjaniennes.

Accompagné d’une forte délégation comprenant notamment ses cousins Mohamed Béchir Niass et Mohamed Béchir Abdallahi Niass, ses fils Mohamed Mansour Niass, Sérigne Alioune Cissé Niass et Madiame Niass, son épouse Fatimata Dem et ses amis Abdoulaye Thiam et Mohamedane Bèye, le chef religieux qui allie le spirituel au temporel parce qu’il est aussi vice-président du Sénat du Sénégal a eu droit à un accueil chaleureux et populaire organisé par de nombreux fidèles venus de tous les coins de la contrée. Ses beaux-frères Thierno Kabir Dem et Abdoul Baqi Dem, fils du grand Mouqaddem de Kaolack, Thierno Al Hassan Dem (décédé le 24 juillet 1989) étaient également à ses côtés. Le célèbre guide religieux, Mohamed el Hafedh O. Nahwi à accompagner cet illustre hôte jusqu’à Boghé avant de rebrousser chemin trois heures plus tard.

Devant un parterre de fidèles unis pour une même cause au domicile de Thierno Abdallahi Dia, Sérigne Mamoune Niass a présidé les prières d’El Maghrib et d’El Ichaa puis la Wasifa avant de se soumettre au rituel des discours. Comme à l’accoutumée, les litanies et les récitals entrecoupés par des cris d’hystérie de fidèles en extase ont marqué cette cérémonie d’accueil de l’un des plus célèbres fils de Baye qui effectue pour la première fois une visite dans la ville de Boghé considérée aujourd’hui comme un des fiefs de la secte Niassène en Mauritanie. En effet, depuis le début des années 80, cette communauté n’a cessé de gagner la sympathie de nombreux jeunes séduits par le discours mystico-cartésien de Thierno Abdallahi Dia qui n’a jamais raté l’occasion d’expliquer la portée et la signification du soufisme en général, de la fayda tidjanienne en particulier. Professée pour la 1ère fois par Thierno Abdallahi Sakho (décédé le 15 mars 1988) au début des années 50, la philosophie niassène a connu une ascension fulgurante dans un milieu où elle était quasiment méconnue à cause de l’enracinement de la Tidjania omarienne.

Ouvrant la cérémonie, Oustaz Ahmed Bâ a indiqué que l’objet de cette visite du Cheikh (la 1ère du genre) est de « redonner une impulsion nouvelle aux relations fraternelles qui le lient à Thierno Abdallahi Dia et à sa jema’a et de rendre hommage à son action inlassable pour le progrès de l’Islam et de la Tidjania ». Il a également insisté sur les rapports d’estime réciproque qui existaient entre Thierno Al Hassan Dem (beau-père de Sérigne Mamoune) avec les membres de la Daira de Boghé. Lui succédant, El Hadj Saïdou Nourou Tall a, dans un style alliant la prose et la poésie, prononcé une allocution de bienvenue au cheikh et à la délégation qui l’accompagne. Il a loué les qualités intrinsèques de Sérigne Mamoune, « un des océans du savoir ». La clarté et la cohérence des discours tenus par Oustaz Bâ et Saïdou Tall dans un arabe très élitiste ont séduit de nombreux fidèles qui déchiraient le silence du lieu par des ouf de joie.

Ensuite, de nombreux talibés ont composé tour à tour des poèmes en l’honneur de leurs hôtes louant son action pour la propagation du savoir islamique en général et soufie en particulier. Ils n’ont pas manqué également de rendre un vibrant hommage au guide de la confrérie, Cheikh Ibrahima qui a porté très haut l’étendard de l’Islam en général, de la tidjania en particulier. La Fayda (submersion) a eu aussi droit à ce cortège d’éloges sur fonds de crises d’hystéries de nombreux talibés visiblement très imbus de cette cause.

C’est à la suite d’une longue séance de litanies que le guide Thierno Abdallahi Dia s’est adressé à la foule en liesse. Dans sa verve et sa rhétorique habituelles, il a brossé un tableau de l’évolution de la Fayda tidjanienne dans le Fouta en général, à Boghé en particulier. Il explique que « Jusqu’au début des années 50, la fayda ne comptait que deux adeptes à savoir El Hadj Abdoul Sall à Bababé et Thierno Abdallahi Sakho à Boghé ». Ce dernier avait rencontré pour la première fois Cheikh Ibrahima Niass ou “Baye” pour les intimes à Kaolack en 1937 avant que celui-ci ne lui renvoie l’ascenseur en effectuant une visite à Boghé en 1951. Peu après cette visite au cours de laquelle Baye avait béni cette ville, les adeptes de la tidjania ibrahimienne ne cessèrent de s’accroître malgré les multiples pressions exercées sur eux par les marabouts de l’époque. Aujourd’hui, cette secte revendique 100 millions d’adeptes de races et d’ethnies différentes disséminés partout dans le monde.

Prenant la parole à son tour, Abdoulaye Thiam, président de l’Association Ansarouddine, a longuement disserté sur la portée philosophique du message délivré par Cheikh Ibrahim « la phare divine, la source de lumière jaillissante de la nuit et du jour, l’aubaine sublime à la passion céleste des assoiffés de la gnose divine, océan du savoir détenant le secret de l’impulsion spirituelle qui arrose l’amour du prophète ». Il a ensuite mis l’accent sur le rôle joué par d’éminents érudits et mystiques mauritaniens tels que Cheikh Mohamed O. Nahwi, Mohamed O. Ahmed Tolba, Mohamed O. Michri, Thierno Sakho et leurs héritiers dans la diffusion des enseignements de Cheikh Tidjane, le summum de la wilaya et à son successeur, Cheikh ibrahim dans un élan de « ferveur religieuse et de sagesse infinie ».

Enfin, Sérigne Mamoune Niass, présenté comme le coordinateur international des fédérations Ansarouddine, s’adressa à ses coreligionnaires pour les inviter à « resserrer leurs rangs pour porter plus haut encore le flambeau de la fayda de Cheikh Tidjane » avant de formuler des prières pour la paix au Darfour, en Irak, en Afghanistan et ailleurs et pour le bien être social et économique de la oumma islamique.

Dia Abdoulaye
Cp. Brakna

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