mercredi 25 avril 2007

Ckeikh Hassan DEM

Extraits : Mémorial des Saints Tijânî, compagnons de Cheikh Ibrahim Niass

Source : Un des disciples de Cheikh Al-Hassane Dem (RA), Djibril Bokoum, fils de Souleymane Bokoum, a demandé au cheikh de lui raconter son itinéraire. Ce dernier, accéda à sa demande et dicta à son disciple Mouhamed Dramé un résumé succinct de sa vie, de son éducation, de sa rencontre avec Cheikh Ibrahima Niass, etc. , le 13 Novembre 1981 à Kaolack Médina Baye, correspondant au 15 de Muharram en 1402 (H). Cheikh Djibril Bokoum m’a autorisé à transcrire ses notes.

Préambule:

Cheikh Al-Hassane Dem, que Dieu l’agrée, a dit : Au nom de Dieu le Miséricordieux, le Tout Miséricordieux qui a dit : « Quant aux bienfaits de Ton Seigneur, raconte les », salut et paix sur le prophète Mouhamed qui a dit « ne serais je pas un adorateur reconnaissant?».Je raconte ici mon itinéraire dans la voie la recherche de la science et mon l’accession vers lui. Je suis né dans le village de Sinthiou-Dangthté dans la région de Podor en 1920, soit en 1440 H. Mon nom est Al-Hassan Dem fils de Mouhamed Samba Moussa, fils de Moussa Samba, fils de Ali.

Son ascendance :

Cheikh Al-Hassane Dem est né dans le village de Sinthiou-Dangthté dans la région de Podor en 1920, soit en 1440 H. Il est fils de Mouhamed Samba Moussa, fils de Moussa samba, fils de Ali.Son grand-père Ali, lui est venu du village Fummi Hâridim-mubi. Il partit vers la côte riveraine du côté Mauritanien à la recherche de la science et de l’apprentissage du coran. Il y apprit par cœur le coran (Hafiz) puis descendit à Haleybé et enfin s’établit à Harélâhu, où s’étaient aussi établis des gens de Haleybé. Il fut aussi de ceux qui fondirent Haleybé. La mère de Cheikh Al-Hassane Dem est Fatoumata Kelly, fille de Ilymâne Bôyil, fils de Ilimâne Omar, fils de Abdoul Tafsir, fils de Tafsir Omar Kelly, ce dernier étant célèbre par sa sainteté et par l’accomplissement de miracles.

Son enfance et le miracle du fleuve:

Il a grandi à Sinthiou-Dangthé jusqu'à l’âge de sept ans. A cet âge il se rendit chez son grand-père Ilymâne Bôyil, où il entreprit ses études coraniques auprès de son oncle paternel El Hadj Abdoul Kelly. Après cela, il a dû arrêter ses études quelques années, mais son cœur était très attaché à la science. Un jour, il sorta du village Gourel en direction du village Jullûm. Il y avait un fleuve nommé Lugué entre les deux. Pendant qu’il passait à côté de celui-ci au moment de la sieste, alors que le fleuve était sec, il aperçut un trou, pas très profond, dans le lit du fleuve d’où jaillissait un liquide d’une blancheur lactée. Alors, grâce à sa main, il y but trois gorgées. Le liquide avait le délice du miel pur. Quand il voulut prendre une quatrième gorgée, le liquide disparut miraculeusement. Il fut très étonné par cet événement qu’il relata à son grand- père Moussa Samba Kelly, alors considéré parmi les vertueux. En interprétant cela, ce dernier lui dit : « Vas à la rencontre de la science, tu l’acquerras sans peine ». Alors, Il (Cheikh al-Hassane Dem) décida de prendre le chemin de la science, par la force et la puissance d’Allah. Quand il prit congé de sa mère à l’aube, elle prit sa tête et récita trois fois la Sourate de la Destinée (Chapitre 97 du Coran), puis elle souffla sur ses seins et lui demanda de téter et puis lui dit : « Vas, le regard de Dieu ne te quitteras jamais. » Il quitta les siens alors avec un cœur léger et joyeux.

Son éducation par Cheikh Sa-îd Chu-arâ:

Il se rendit d’abord à Kanel où il rencontra un grand savant expert en sciences islamiques, vertueux, élevé, un saint accompli, répondant au nom de Thierno Sa-îd Chu-arâ. Il est resté à côté de lui quatorze ans durant lesquels il apprit les sciences islamiques : la loi islamique, la littérature arabe, la syntaxe et la morphologie, les fondements de la loi, l’étymologie, la logique, la rhétorique etc. Il se mit entièrement à son service. Ce dernier l’aimait d’un amour profond. Il se plaisait à le regarder longuement et lui disait à la suite : « J’espère que tu trouveras la grande ouverture (Al Fatha) et que tu accèderas à l’enceinte scellée du Seigneur (Al- wussûl) » Il ne cessa de lui répéter cela car ayant aperçu sa grande préoccupation pour la science et son assiduité dans l’adoration divine. Enfin, il reçut de ce Cheikh, les sciences de la voie de Cheikh Ahmed Tidiane et de ses secrets.

Les circonstances de sa rencontre avec Cheikh Ibrahim NIASS:

Un jour, Thierno Sa-îd Chu-arâ partit à la Mecque en pèlerinage et laissa à Cheikh al-Hassane Dem la charge des siens. Il s’occupa de ses affaires pendant des années (en ce moment, le pèlerinage se faisait avec des moyens de transports rudimentaires et durait des années, note du traducteur).Alors qu’il revenait du pèlerinage, il rendit l’âme dans un village appelé Umudourmane. La nouvelle de son décès attrista profondément Cheikh al-Hassane Dem. Il passa la première nuit après ce décès à méditer sur la situation en se demandant où il pourrait bien trouver un maître semblable qui excellait dans la science, dans le noble caractère, dans la religion et dans la sincérité envers Dieu, par lequel il accèderait à ses buts.Le sommeil le trouva dans cette expectative. Il vit alors en songe Cherif Mohamed Al Makhtar, un saint vertueux, qui lui donna trois poignées de mil. Il lui donna une première poignée et lui demanda de la manger ; ce qu’il fit. Il trouva que le mil était comme du sucre. Il lui donna une deuxième poignée et la même scène se répéta. Quand il lui donna une troisième poignée et lui demanda de manger, Cheikh Al-Hassane se dit en son for intérieur : « Ce grand saint me donne du mil, au lieu de prier pour moi ». Il finit par lui dire : « Ô Chérif prie pour moi ». Il répondit : « Que voulez-vous ? ». Il lui dit : « La science et la connaissance de Dieu (ma’rifa billah). Il commença à prier sans que Cheikh al-Hassane n’entende ce qu’il disait. Ensuite il cracha sur ses mains jusqu’à ce qu’elles se soient mouillées et blanches de ses crachats. Il mangea le mil blanc des crachats. A peine Cherif Mouhamed Mokhtar s’est-il retourné, qu’apparut Thierno Sa-îd Chu-arâ, dans le même songe, dans des habits verts dans un âge très jeune. Il lui dit en souriant : « as-tu vu Mouhamed Al Makhtar ? ». A la suite d’une réponse positive, il lui dit encore : « a-t-il prié pour toi ? ». Il répondit par l’affirmative. Il lui dit alors : « Moi aussi j’ai prié pour toi, pour que tu obtiennes tous les bienfaits ; celui que tu cherches se trouve dans l’Ouest ». Cheikh lui demanda des précisions et il lui dit : « Vas à Kaolack pour y trouver Cheikh El Hadj Ibrahima Niass ; il n’y a pas sur la terre quelqu’un plus connaissant Dieu que lui ».Quand il se réveilla, il écrivit une lettre adressée à El Hadj Ibrahima NIASS, avec pour toute adresse : Kaolack. Il n’avait jamais entendu son nom auparavant et ne le connaissait pas du tout. Celui-ci répondit en lui envoyant dans la lettre les litanies à réciter (zikr) avant leur rencontre. Il lui annonça dans la lettre beaucoup de choses que Dieu a réalisées par la suite.

Résumé de son compagnonnage avec Cheikh Sa-îd Chu-âraa:

Thierno Sa-îd Chu-arâ s’étonnait beaucoup de l’état de Cheikh al-Hassane Dem, de la grande facilité avec laquelle il assimilait les leçons. Il lui conféra une autorisation complète dans la Voie Tijâniyya ainsi que dans l’ensemble des voies et secrets à sa disposition. En particulier il lui donna des choses à l’exclusion de toute autre que lui.

Son compagnonnage avec Cheikh Ibrahima NIASS:

Il quitta alors le Fouta pour Kaolack pour y rencontrer le Shaykh accompli, le maître de la grande profusion ou abondance (al faydh), de la lumière éclatante et du secret étincelant, porteur du drapeau de la voie Tijaniyya, le khalif de Cheikh Ahmed Tijan, Cheikh al Islam Ibrahim fils de El-Haj Abdallah. Il resta avec lui et fut son compagnon durant vingt huit années.Il reçut de sa part des connaissances, des secrets et des lumières qui comblent tout pèlerin et le dispensent de toutes autres recherches.Il le servit de toutes les servitudes par la plume et par le chapelet.Particulièrement, il s’occupait de retraites spirituelles (khalwa et riyâdhiyât). Il lui fit d’abord une retraite spirituelle de huit (8) jours appelée khâsatul-ulyâ (La particulière des plus grandes), ensuite une retraite spirituelle de soixante douze (72) jours appelée khalwatul al-samdhaniyya al-kubrâ (La plus grande retraite éternelle). Ensuite il lui fît régulièrement des retraites spirituelles de quarante (40) jours durant sept (7) ans. Il répétait ces retraites au point qu’il était devenu comme un chameau libre se promenant dans les khalwas comme le chameau se promène dans les prairies.Il obtint de ces retraites des visions que sa langue ne peut prononcer et que sa plume refuse d’écrire bien que son esprit ait voulu les dicter. Dieu lui a gratifié de la grande ouverture (al-fath) et lui a ouvert les sciences et les gnoses, les secrets, les lumières, les profusions, les parfums divins. Louange et remerciement à Dieu. Dieu lui a fait comprendre la profondeur du Coran et les sous-entendus des traduction du Prophète (SAS) et le sens profond les paroles des soufis qu’il entendait et comprenait comme si c’est lui qui les avait énoncées.Gloire à Dieu pour l’étendue de cette lumière qui s’est manifestée dans le cœur. Ce petit homme pêcheur de surcroît est devenu, par la grâce de Dieu, celui qui se promène dans les profondeurs des mers de perles des sciences, de la loi apparente (charî-a), de la voie (tharîqa) et de la haqîqa. Notre maître Cheikh Ibrahîm nous a donné l’autorisation suprême (Ijâza multqa châmila) englobant toutes les sortes d’autorisation dans la voie Tijâniyya. Lui-même, Cheikh Ibrahima Niass, a reçu cinquante autorisations dont les vingt cinq sont totales (mutlaqa). Son autorisation à mon égard englobe toutes celles dont nous venons de parler. Louange soient rendus à Allah, tous ses maîtres sont accomplis et il n’a jamais servi un maître non complet.

Ses ouvrages:

Il a composé plusieurs ouvrages dont quatre imprimés :
Mawrid al-ridha fî al-salât ala al-nabiy : le point de breuvage de l’agrément dans la prière du Prophète).Miftaah al_wusuul ilà hadhrat al-rasûl : la clé de l’accession à l’enceinte du prophète (SAS)Nûr al-kamal fî mach-had al-rijâl : la lumière de la complétude dans les sentiments des soufis.Nayl al-marâm fî su-âl al-haj ubârin-guin : la réalisation des désirs par le questionnement de ElHaj Ubâ-rin-guin.
Il a aussi composé d’autres notes non encore publiées

Ses voyages et conférences publiques:

Il commença alors ses voyages dans les différentes contrées et pays hors du Sénégal et y tint des causeries publiques (majâlis) depuis des années.Ses dernières conférence eurent lieu en l’an 1396 H, soit en 1976 AJ.Il partit au Mali et en Haute-Volta puis au Ghana, dans leurs villages et villes.Il y tint cent vingt neuf (129, poids numérique du nom d’Allah Lathîf) conférences, durant lesquelles il a parlé de la loi islamique, la Voie Tijaniyya et de la Haqiqa.Cinq mille personnes entrèrent alors dans la Voie Tijâniyya lors de ce périple.Il se rendit ensuite au Maghreb, en visite auprès de son maître Cheikh Ahmed Tijân à Fèz. Il lui fît la ziyâra ainsi qu’à vingt huit (28) de ses compagnons, certains à Fèz, certains à Meknes, certains à musâwa, d’autres à Casablanca. Ces savants du Maghreb à qui il rendu une visite furent au nombre de 28 saints. Il a prié auprès au près de la tombe de chacun d’entre eux.Il a aussi visité d’autres à Tunis, en Egypte, au Hijâz, au nombre de seize (16).Il connaissait leurs noms et leurs histoires. Les gens de Maghrib ne connaissaient pas l’emplacement de leurs tombes.Il y a aussi d’autres dont il n’a pu accéder à leur pays ceux d’Algérie. Il les a tous associés à la ziyâra auprès du tombeau de Cheikh Ibrahîm al-Rayâhî à Tunis. Il a aussi visité la zâwiyya de Cheikh al-arabî al-sâ-ih à Rabat où il tint aussi quatre conférences.Il a donné une conférence à Casablanca et une au Caire et 59 conférence au Nigéria, à Kano et d’autre villages. Au total, il a tenu 201 conférences dans un périple qui l’a mené au Maghreb, en Tunisie, en Egytpe et au Nigéria. Il a parlé de la charî-a (loi islamique), de la Voie et de la haqîqa. Le public fut très dense dans ses conférences. Ils écoutaient la quintessence des sciences et tombaient par terre dans leurs cœurs tout enivrés. Ils n’étaient point enivrés mais c’est le plaisir d’entendre les sciences divines et les expressions pures émanant de l’enceinte des dons divins qui rendaient ébahi l’esprit des hommes et qui passionnaient les cœurs des hommes de haute facture et les faisaient entrer dans la Voie Tijâniyya par son entremise. Dans ce périple, entrèrent dans la Voie un grand nombre de personnes difficiles à dénombrer.Au Caire, il a rencontré Mouhamed Al-Hâfiz fils de Abdou al-Lathîf et il lui donna une autorisation écrite, complète et totale (Ijâza âmma mutlaqa) de l’ensemble de ses vingt (20) autorisations. Que Dieu récompense ses pères et grand-pères dans cette voie de bienfaits.

Conclusion

Louange à Dieu qui lui a fait vivre cette parole de Cheikh Ahmed Tijaan, dans son livre Jawâhir al-ma-ânî : quand un disciple sert un maître avec sincérité et que celui-ci vienne à décéder avant qu’il n’atteigne ses objectifs, c’est ce maître qui lui indiquera dans le barzagh (monde intermédiaire entre la vie présente et l’au-delà) celui qui va réaliser ses buts. Cette parole s’est réalisée dans la vie de Cheikh Hassan Dem. Il a servi Thierno Sa-îd Shu-araa avec amour. Il décéda et lui indiqua depuis l’autre monde,Cheikh Ibrahim NIASS. Il se présenta à lui pour obtenir la grande ouverture (al-fath) dans les sciences et la gnose.
Louange soit rendu à Dieu

Aucun commentaire: