lundi 21 mai 2007

Cheikh Ibrahima NIASS



Extrait de mémoire de fin d’étude sur Cheikh Ibrahima Niass en Mauritanie:

Par Yall Mouhamadou

Chapitre : Historique sommaire de la confrérie de cheikh IBRAHIMA NIASS.

Quiconque entreprend une étude sérieuse de la confrérie de cheikh IBRAHIMA NIASS ou de la vie de l’homme lui même, s'oblige au préalable d’évoquer la vie de cheikh AHMAD TIDJANI et de l’histoire de la grande voie TIDJANIA dont les niassènes sont issus.
Donc pour faire connaître le mouvement de Cheikh IBRAHIMA NIASS il faut obligatoirement mettre en relief le TIDJANISME et son histoire. Cependant c’est seulement un bref survol que nous ferons de l’histoire du TIDJANISME et la FAYDHA TIDJANIENNE dont Cheikh IBRAHIMA est le chef spirituel. Selon les différentes traditions TIDJANIENNE, Cheikh AHMAD TIDJANI avait annoncé la venue prochaine de l’imam de la FAYDHA (chef du mouvement du renouveau spirituel de la confrérie).

CHEIKH AHMAD TIDJANI:LE MAITRE DE LA CONFRERIE.

1. SA VIE ET SON EVOLUTION.

L’homme qui est à la base de cette confrérie dont un aspect nous intéresse dans cette étude sociologique n’est autre que Cheikh ABOUL ABBASS AHMAD IBN MOHAMAD AT TIDJANI né en 1738 à Ain Maadi (Algérie), il est issu d’une famille de Chourrefa (pluriel de cherif qui signifie descendant du prophète)ce qui signifie dans la communauté musulmane une très grande dignité.

Cheikh AHMAD TIDJANI grandit au fil du temps et a obtenu son diplôme coranique à un âge très jeûne, car il était doué et avide de connaissance; c’est ce que remarque DIA OMAR dans son Mémoire de fin d’étude: Avide de connaissance, Cheikh TIDJANI se rendit successivement à Fez, puis à Tlémecen où il s’initia aux sciences religieuses auprès des réputés. Il visita la Tunisie, l’Egypte et effectua un pèlerinage aux lieux saints en 1774. »(P14).

Durant toute sa vie Cheikh AHMAD TIDJANI s’est inspiré de la tradition mystique, du soufisme en particulier. Il était reconnu par sa piété et pour son amour de la vérité basée essentiellement sur le saint Coran et les traditions du prophète (sunna).

CHEIKH TIDJANI avait embrassé toutes les voies mystiques de son temps et dans chacune d’elle il avait eu le grade élevé de Moqadem (c’est à dire celui qui a le pouvoir et le droit de donner le WIRD ou oraison, celui que les soufis appellent sahib El idhn- c’est à dire qui a une autorisation spirituelle de transmettre le secret) (sirr).
Cheikh TIDJANI n’a jamais rassemblé deux voies mystiques différentes, jusqu’au moment où le prophète MOHAMED (paix et salut sur lui) lui est apparût c’est ce que remarque AMADOU HAMPATE BAH en écrivant: «..Le fondateur de la voie (tariq) TIDJANI fut honoré en 1196 de l’hégire(1782), au cours d’une de ses retraites spirituelles par l’apparition très sainte du prophète MOHAMED. Il reçut de lui la mission occulte de pouvoir commenter les passages mystérieux du CORAN, de la sonna et des enseignements des oulémas et des chioukhs...) au cour de sa vision, le prophète lui avait dit : à partir de maintenant tu es affranchi de tous les chioukhs , je suis ton initiateur. » (p230)

Ainsi le Cheikh venait de recevoir du prophète ce qui bouleversera le monde entier et permettra à tous les « chercheurs » de Dieu de le rencontrer sans grandes difficultés. Le prophète donna encore des secrets mystiques à son disciple Cheikh TIDJANI dans la ville d’Abou Samghoun.

Certains sceptiques soutiennent que le prophète n’est apparut à Cheikh TIDJANE que par rêve et qu’il est impossible à un individu mort d’apparaître en chair et en os aux vivants. IL faut savoir que dans la logique mystique rien n’est impossible ; le rationnel n’a de sens que dans notre monde matériel et profane. Cheikh TIDJANI a bien vu le prophète, d’autres croyants ordinaires voient le prophète n’importe où et n’importe quand. Le maître de la TIDJANIA dit clairement que c’est à l’état de veille (yaqazatan) qu’il a rencontré l’ami de Dieu(MOHAMED)(cf. . JAWAAHIRAL MAANI)-perles des significations - livre qu’il a publié lui même.

La confrérie naquit donc vers les années1781-1782 eu beaucoup d’adeptes au niveau local et régional avant de se répandre rapidement dans tous les coins islamisés de la planète. La confrérie contribua aussi à la conversion des milliers d’individus à l’islam.

Cheikh TIDJANI eu une vie mouvementée et avait rencontré beaucoup de difficultés. En effet ses adversaires étaient jaloux de sa renommée grandissante, ses paroles désarçonnaient les plus grands oulémas et laissaient les savants dans une perplexité grandiose. Il eut cependant de grands disciples fidèles et très actifs parmi lesquels on peut citer : SIDI EL HAJ ALI HARAZIM,SIDI MOHAMED IBN MICHRI,SIDI CHEIKH TAHAR,SIDI ALI TAMACINI,SIDI MOHAMED GHALI , etc.......

C’est CHEIKH MOHAMED EL HAFEZ qui a introduit la voie TIDJANIA en Afrique occidentale en premier lieu en Mauritanie. Rappelons que Cheikh MOHAMED El HAFEZ est maure issu de la tribu maraboutique des idaw ali ; «C’est vers 1780,écrit LERICHE , alors qu’il revenait de la Mecque et se trouvait de passage à Fez qu’il reçoit du fondateur le Wird TIDJANI et le titre de khalife pour les pays maures. »(in L’islam en Mauritanie : bulletin de l’IFAN tome XI janvier avril 1949,p 468).
C’est ainsi que la confrérie TIDJANE gagna cette partie occidentale de l’Afrique où apparaîtra la future FAYDHA TIDJANIENNE annoncé par Cheikh AHMAD TIDJANI et qui selon lui donnera du sang nouveau à la confrérie qui ne faiblira jamais.
Donc cette Faydha ou « effusion, », flux », réanimation »,....sera dirigée par un grand homme qui par ses connaissances immenses et ses capacités spirituelles grandioses et éternelles, réunira sous son ordre les hommes et les femmes de toutes les nationalités et de toutes les couleurs et étonnera par ses miracles infaisables toute son époque . Et chaque jour des milliers d’individus intégreront la voie TIDJANIA par la main de cet homme extraordinaire. C’est du moins ce que Cheikh TIDJANI annonça avant sa mort intervenue en 1875 à FEZ(Maroc).

2:QUELQUES EXPRESSIONS DE CHEIKH TIDJANI
.
Avant de venir à la Faydha proprement dite il est indispensable d’avancer ici quelques paroles de Cheikh TIDJANI pour mettre le lecteur directement dans le bain.Ces quelques passages que nous avons nous même traduit de l’arabe ne relatent que superficiellement ce que Cheikh AHMAD TIDJANI avait l’intention de faire comprendre aux disciples. Dans son livre DIAWAAHIR al Maani , il a exposé sa théorie philosophique mystique et a relaté la vie soufie elle même .Il a également évoqué dans ce livre ses dons spirituels mystérieux que le prophète lui a transmis lors de ses multiples apparitions , de sa mission de guide indispensable pour tout celui ou celle qui a soif de la divinité ; il y annonce aussi l’apparition future de l’imam de la faydha qui , avons nous dit donnera du souffle nouveau à la voie TIDJANIE et un flux nouveau à tous ses principes.

Dans son livre, Cheikh TIDJANI a également exposé les pratiques des rituels de la confrérie ; il y analyse le soufisme dans sa réalité, il y vante la supériorité spirituelle de sa voie sur les autres saints de l’islam.
Il n’est pas de notre propos ici de résumer ce gigantesque livre très célèbre dans le milieu TIDJANIEN et très méconnu du public musulman. C’est un livre que chaque marabout interprète selon sa compréhension.

Cheikh TIDJANI a, selon lui même, plusieurs fois rencontré le prophète MOHAMED paix et salut sur lui en personne et ce dernier a tenu beaucoup de propos qu’il nous est impossible de transmettre ici dans leur intégralité .Nous avons tenté de traduire quelques passages de textes arabe ; nous nous excusons cependant auprès des frères tidjaniens si nos traductions ne seront pas fidèles aux textes originaux.

D’ailleurs toute traduction est imparfaite. « Traduire, dira l’adage, c’est trahir ».
Une des caractéristiques des soufis est que leur expérience ne peut être vécue par tout le monde, pourquoi ? Alors FAOUZI SKALI apporte sa réponse: « Le soufisme se présente avant tout comme une expérience spirituelle vécue intérieure, dont le domaine se trouve au delà de ce qui peut être appréhendé par la raison ou les sens physiques. Ce n’est que dans une étape ultérieure faisant suite à une réalisation spirituelle que certains soufis se servant d’un langage symbolique et métaphorique transcrivent leur expérience sous une forme verbale ». (p7)

Voici quelques traductions choisies:

CITATION:1 Le patron de l’existence (Prophète MOHAMED) m’a informé que je suis le pôle occulte (qutb al maktuum), il me l’a dit face à face, à l’état de veille et non à l’état de sommeil ».

CITATION: 2 Si seulement je révélais ce que Dieu m’a fait connaître au public, les hommes de la haute et grande connaissance divine comploteront contre moi pour me tuer ».

CITATION:3 « Dieu m’a donné ce qu’il n’a donné à personne parmi les saints ; c’est une providence, une grâce de Dieu, mais ce n’est pas par ce que j’ai droit à tout cela, ce n’est pas par ce que je mérite plus que les autres mais c’est seulement une faveur divine. »

CITATION:4 Si je dévoilais une seule vérité parmi les vérités de la salaatoul fatihi(prière ouvrante) les grands saints de l’islam me tueront. »

REMARQUE : La prière dont il est question ici est celle récitée par les disciples tidjaniens dans leurs oraisons ; soit pour l’initiation confrérie soit pour les prières quotidiennes après l’épreuve initiatique.
Voici une traduction d’AMADOU. H. BAH de cette prière:
« Ô Dieu ; répands tes grâces et ta paix sur notre seigneur MOHAMAD, celui qui ouvre ce qui était fermé, qui clôt ce qui a précédé;
Qui fait triompher la vérité par la vérité,
Et qui guide sur le chemin de la rectitude (voie droite),
Et (répands tes grâces) sur sa famille,
Selon la mesure qui lui est due,
(mesure) immense. »(p231)

CITATION 5:Les plus grands pôles (aqtaab) de la umma(communauté musulmane)n’atteindront jamais les degrés et les échelons spirituels élevés de mes compagnons , Car Dieu nous a donné cette faveur malgré eux. »

CITATION 6: Personne parmi les grands saints n’espèrent atteindre les degrés spirituels élevés que Dieu nous a promis ; les plus grands Qutb (pôles) n’auront pas ces choses là exceptés les compagnons du prophète paix et salut sur lui. »

CITATION 7:Si les pôles les plus grands aperçoivent ce que Dieu a promis aux gens de cette voie (TIDJANIA), ils pleureront et diront : ô seigneur vous n’avez rien donné aux autres, ô seigneur vous nous avez négligé et délaissé, etc.... »

CITATION 8: Un grand homme apparaîtra dans la confrérie, il ne sera pas connu je jure au nom de Dieu, ni dans ce monde, ni dans l’autre. »

REMARQUE: Tous les gens de la faydha tidjaniènne sont convaincu que l’homme dont il s’agit n’est autre que Cheikh IBRAHIMA NIASS , qui par ses connaissances et ses dons miraculeux a dépassé le simple cadre de la raison humaine.

CITATION 9: « J’ai été propulsé subitement dans la présence divine invisible(Ghayb),alors mon commencement devint ma fin et ma fin mon commencement , mon tout se transforma en ma partie et ma partie en mon tout ; je devenais lui et lui devenait moi , là où c’était lui et non moi. ; à ce moment unique si on me posait mille questions parmi les plus difficiles j’en répondrais par une seule réponse satisfaisante pour toutes ; car je ressemblais justement à une lampe , si toute la ville allumait leurs lampes de la mienne cela ne diminuera rien de ma lumière. Et Dieu merci. »

CITATION 10: « Si les connaisseurs de Dieu (aarifuun) entendent ce que le bon Dieu me dit parmi un secret des secrets Mohamadiènne , ils se révolteront contre moi et me tueront. »

CITATION 11: « Le seigneur de l’existence (Mohamad) paix et salut sur lui nous a assuré que celui qui nous insulte et persiste dans sa position d’impolitesse sans se repentir, mourra mécréant et ira en enfer. »

CITATION 12: « Et celui qui par illusion croit que le prophète Mohamad (paix et salut sur lui) a interrompu ses flux spirituels en vers sa communauté par ce que mort comme les autres, a vraiment ignoré le vrai degré divin de Mohamad le prophète, et a manqué de respect à son égard ; d’ailleurs un tel type risque de mourir mécréant s’il ne quitte pas rapidement cette mauvaise considération. »

CITATION 13: « L’intention de l’homme est victorieuse sur toutes les créations de l’existence , et si cette intention forte se dirige sur un objet qu’elle désire posséder et qu’elle s’attache fermement sur cette décision , sans douter de la possibilité de la réalisation de cet objectif , sans retour en arrière, sans découragement et étant convaincu ainsi que rien ne l’arrêtera ou bien la mort , alors l’homme atteindra son but même si ce qu’il veut se trouve au de là du trône de Dieu. »

REMARQUE: Ces quelques bouts de phrases que nous avons sélectionné ne représentent qu’une petite partie de ce que Cheikh AHMAD TIDJANE a réellement écrit sur le soufisme et surtout sur la Faydha Tidjaniènne.Il faut savoir qu’il a beaucoup écrit sur tout ce qui concerne les doctrines ésotériques et exotériques de l’islam . Nous vous renvoyons à son livre JAWAHIR AL MAANI(les perles des significations) .



3:LE TIDJANISME OU LA VOIE DES VOIES

Cheikh AHMAD TIDJANI a bien montré dans son livre les avantages que sa voie a par rapport aux voies des autres saints de l’islam. C’est pour ces raisons que celui qui s’initie à la voie TIDJANE ne peut en aucun cas en sortir pour intégrer une autre voie mystique.
Cette condition fait partie des conditions primordiales de validité de l’adepte dans la voie TIDJANIA.
Il est importent de remarquer que les saints de l’islam n’ont pour but et pour rôle que de guider spirituellement les adeptes dans la bonne voie celle qui mène directement à la connaissance de Dieu la fin suprême de tout processus initiatique mystique.
La voie TIDJANE a cependant ces caractéristiques spécifiques, elle est différente des autres voies mystiques de tous les temps: « Parmi tous ceux qui reçurent la mission de guider la communauté musulmane, Cheikh TIDJANE instaura l’une des voies les plus éclectiques, par ce qu’elle représente la somme ou la quintessence de toutes les tourouq pluriel de tariqa-voie-)qui l’ont précédé depuis l’apparition de l’islam. », écrit AMADOU .H. BAH (p230)

Le disciple TIDJANIEN qui accepte toutes les conditions de validité appelées (chourout aç-çiha) doit ensuite strictement observé les enseignements de son Cheikh aimer ses attributs, les suivre afin de se perfectionner dans la voie. Les conditions de perfection dans la voie sont appelés (chourout al kamal).
Celui qui viole l’une des lois dictées est immédiatement exclu de la voie ne serait- ce que spirituellement, ne sera pas parmi les saints et tous les malheurs lui surviendront.

La supériorité spirituelle de Cheikh AHMAD TIDJANI sur les autres soufis de l’islam, ainsi que celle de sa voie sur les autres voies est expliquée par plusieurs faits.
Evoquer ces différents faits ici dépasserait le cadre stricte de notre travail qui pour le moment se limite aux quelques aspects du soufisme de Nouakchott du côté des disciples de Cheikh IBRAHIMA NIASS. Cependant au fur et à mesure que le lecteur avancera les faits se préciseront d’eux mêmes...
D’ailleurs AMADOU .H. BAH, écrit dans ce cadre ... « ...Cette mission fait du Cheikh AHMAD TIDJANI un pôle, une grande figure de l’islam, sa TARIQA joue dans l’islam le rôle que l’islam joue parmi les religions, c’est dire que le fondateur de la TIDJANIA occupe parmi les saints la place que MOHAMED occupe parmi les prophètes. »(p230)

Comme pour les musulmans, l’islam contient en lui toutes les valeurs des religions révélées avant lui, en les récapitulant. Pour les tidjaniens aussi le TIDJANISME récapitule toutes les voies des saints qui ont précédé Cheikh AHMAD TIDJANI.
Le tidjanisme , ainsi que toutes les voies des autres saints de l’Islam se basent le plus souvent sur le Coran ou sur les traditions du prophète MOHAMED ( PSL)

Les litanies et les enseignements des voies ne sont qu’une insistance sur certains versets coraniques qui autorisent l’homme à se repentir de ses péchés multiples, d’évoquer le nom de Dieu sans arrêt pour se débarrasser des passions et des pulsions qui souillent l’âme.
C’est donc dans le but de sortir l’homme des prisons de son propre moi ( nafs ,hawa ,.. ) et le guider ainsi vers la connaissance suprême de Dieu qui est lui même la finalité de toute créature .

Et CHEIKH IBRAHIMA NIASS dit à propos de cette voie les vers de ce poème :

¨¨la voie TIDJANIE est la meilleure des voies
¨¨est sauvé celui qui s’y précipite ou qui la rejoins,
¨¨c’est en effet psalmodier le nom de Dieu et prier sur
¨¨MOHAMED , nous nous repentons devant Dieu le très haut.
Les voies de tous les saints canalisent les hommes vers la connaissance de Dieu.

CHEIKH IBRAHIMA NIASS poursuit plus loin en disant:

¨¨les voies des saints connaissant et respectueux des lois,
¨¨conduisent les hommes vers le meilleur;
¨¨qu’elle soit celle de JEYLANI
¨¨que ca soit celle d’ALI CHAZZALI AR-RABANI ( le divin) .

CHEIKH IBRAHIMA NIASS veut dire ici que toutes les voies des saints mènent à la divinité, mais la voie TIDJANIE est le raccourcit le plus sûr, étant la dernière venue elle est celle qui récapitule toutes les voies soufis précédentes. C’est justement la place que l’Islam occupe parmi les autres religions comme le Christianisme, le Judaïsme, etc...
Cependant ces dernières conservent leurs valeurs, la dernière-née, n’est venue que pour donner du flux nouveau aux précédentes.

4 : LES PILIERS DU TIDJANISME

Nous ne pouvons pas parler de CHEIKH IBRAHIMA NIASS sans évoquer brièvement le wird TIDJANI lui même qui est la première richesse des niassènes d’une manière générale.
Le wird est édifié sur trois Piliers que sont le LAZIM , la WAZIFA , TAHLIL.

A- LE LAZIM : Comprend trois récitations:

a) 100 fois la formule astaghfirul Allah)-Pardon Dieu-
b) 100 fois la prière ouvrante (salatul fatihi)
c)100 fois la formule (laa ilaaha illa Allah)il n’y a de divinité que Dieu.


B-LA WAZIFA : comprend quatre récitations:

a)30 fois la formule (astaghfirul Allah elle zii laa ilaha illa huwa al hayyu al qayuumu)Je demande pardon à Dieu , l’immense , celui en dehors de qui il n’est point de Dieu le vivant ,l’éternel.
b) 50 fois la prière ouvrante(salaatul fatihi)
c) 100 fois la formule laa ilaaha illa Allah il n ’ ya de dieu que Dieu lui même.
d) 12 fois la prière de la perle de la perfection (jawhara tul kamaal).
Voici une belle traduction de HAMPATE Bah de cette prière qu’on ne doit réciter qu’avec une grande pureté corporelle.(Celui qui n’a pas fait ses ablutions doit remplacer la récitation de cette prière par celle de la salaatul fatihi <20 fois >.

PERLE DE PERFECTION:
« Ô Dieu répands tes grâces et ta paix,
« Sur la source de la miséricorde divine, étincelante comme,
« le diamant, certaine dans sa vérité, embrassant
« le centre des intelligences et des significations,
« (sur)la lumière du monde,(celle)qui est fait et fait être
« la lumière adamique primordiale,
« (sur)celui qui possède la vérité divine,
« (sur)l’éclair irradiant les nuages porteurs de pluies et les vents
« qui remplissent tout ce qui se présente (à eux)
« Depuis les vastes océans jusqu’aux plus petits réceptacles,
« (sur)ta lumière brillante dont tu remplis ton univers
« (lumière) qui contient tous les lieux des lieux,
« ô Dieu ; répands tes grâces et ta paix
« sur les sources de la vérité à partir de laquelle
« se manifestent les tabernacles des réalités (divines).
« (sur) la source directe des connaissances
« ta voie la plus complète et la plus droite
« ô Dieu ; répands ta grâce et ta paix
« (sur ) le trésor incommensurable
« ton effusion de toi (émanation) vers toi
« (sur) le cercle de la lumière sans couleur,
« ö Dieu ; répands tes grâces et ta paix sur lui et sa famille
« D’une grâce par laquelle tu nous le fasses connaître »(p 234-235).

C-LE TAHLIL: (appelé aussi prière du vendredi soir), comprend:

a)3 fois la formule (astaghfirul Allah ellezii.....etc..)
b) 3 fois la prière ouvrante (salaatul fatihi)
c)1500 fois la formule(laa ilaaha illa Allah),ou bien continuer sans limite jusqu’au coucher du soleil si les adeptes sont en groupe par exemple.

Toutes ces prières sont à réciter correctement chaque jour matin et soir selon l’enseignement du Cheikh(Maître).

Le LAZIM est récitée deux fois par jour :le matin juste après la prière d’El fajr(aurore) et l ‘après midi juste après la prière de l’asr(coucher du soleil)-cependant le LAZIM est une prière strictement individuelle et ne peut être récitée en groupe.

La WAZIFA quant à elle est récitée une fois par 24 HEURE, il est cependant souhaitable de la récitée juste après le crépuscule de préférence en groupe .Cheikh TIDJANE exhortait les disciples à ne jamais la rater et de la pratiquer en groupe .CHEIKH IBRAHIMA n’a jamais cessé de conseiller par ses lettres tous les disciples de respecter les horaires de la WAZIFA dans la Zawiya la plus disponible. Il ajoute que celui qui la récite seul alors qu’il pouvait la faire avec les autres tidjaniens n’a pas accompli son devoir de disciple sérieux ; ce qui pourrait dire une négligence donc une éventuelle expulsion de la sainteté soufie.


Le TIDJANISME ne se limite pas seulement aux récitations monotones des prières, au contraire c’est tout un art de vie et de discipline, de moralité qu’on enseigne aux fidèles. Nous verrons plus loin que beaucoup de bons comportements sont imposés aux tidjaniens qu’ils soient niassens ou pas.

Le TIDJANISME a évolué des années dans une attente de l’homme que CHEIKH TIDJANI prédestiné.
Le maître de la confrérie a cependant donné des indices qui permettront de reconnaître l’IMAM DE LA FAYDHA. Les assoiffés de Dieu et de mysticisme n’ont jamais arrêté leur recherche et à chaque fois qu’un TIDJANIEN s’élevait dans les grades, ils l’approchaient pour voir si les signes de Cheikh TIDJANI se retrouvaient en lui.
Cette raison poussa certains grands tidjaniens à prétendre être l’imam tant attendu; parmi les revendicateurs on peut citer :EL HAJ OMAR TALL, HAJ ABDALLAH OULD HAJ, MOHAMAD EL HAFEZ OULD KHEIR EL ALAWI, .......

A chaque fois qu’un saint TIDJANIEN constatait chez lui un nombre importent de disciples, il déclarait publiquement qu’il est certainement l’homme de la FAYDHA TIDJANIENNE. Mais le plus souvent quelques signes faisaient défaut dès que la communauté tidjanienne demandait des justifications sur de telles déclarations.

Cheikh AHMAD TIDJANE avait bien dit que l’imam de la Faydha sera investi de cette mission à l’âge de trente ans, ensuite il réunira sous son ordre un nombre illimité de disciples de toutes les races et de toutes les catégories sociales et de toutes les langues .....Ce sera un homme qui donnera du flux nouveau à la confrérie et la replacera dans sa vraie position élevée qu’elle doit toujours occuper dans le monde musulman ; c’est à dire celle de faire connaître aux individus leur vrai réalité(Dieu), celle d’éduquer les masses dans la bonne conduite morale, intellectuelle et spirituelle....
Cet homme apparaîtra à un moment critique de l’histoire du monde, un moment ou des crises sévissent sur tous les plans(spirituel surtout , mais aussi économique , sociale , politique , idéologique , moral , culturel,...)


CHEIKH IBRAHIMA NIASS: L’HOMME PREDESTINE


1:SA VIE ET SON EVOLUTION:

CHEIKH IBRAHIMA est né le jeudi 15 du mois de rajab en 1320 (hégire),soit 1900 Après JESUS ,à Tayba niassène village de son père au centre du SENEGAL. El haj ABDOULAH NIASS, son père est un grand moqqadem(maître spirituel) de la TIDJANIA reconnu par tout son milieu comme étant le Propagateur de l’islam dans le Diolof(région jadis très païenne).

Sa mère AISSATA IBRAHIMA est reconnue pour sa piété et sa soumission aux ordres religieuses de son mari.Après plusieurs mouvements de déménagements liés aux problèmes rencontrés avec certains marabouts locaux et certains colons présents ; la famille se réfugia en GAMBIE avant de revenir s’installer définitivement à KAWLAKH en 1910. le jeune IBRAHIMA évolua ainsi dans une famille TIDJANIEN reconnu par sa mission de propagation de l’islam, et bénéficia ainsi d’une éducation spirituelle et religieuse sans égale.

C’est son père qui se chargera de son enseignement du Coran d’abord qu’il maîtrisa dès l’âge de 15 ans ,ensuite il l’initia aux différentes sciences ésotériques et exotériques dans lesquelles il manifesta un intérêt primordial et termina brillamment ses études à la fleur de l’âge .DIA OMAR écrit dans son Mémoire de fin d’étude: « Intelligent et animé d’une volonté sans faille , il prit vite goût à l’étude des traditions du prophète (hadith),de la théologie(tawhid),du mysticisme(tassawuf),de l’art de l’exposé(bayaan),de la logique (mantiq) , de la littérature arabe, etc. ....
A l’âge de vingt ans, il avait acquis un certain nombre de connaissances religieuses au point d’éblouir par son savoir les disciples de son père qui se demandaient parfois si on ne lui inculquait pas quelques connaissances à leur insu. »(1)
Cheikh IBRAHIMA NIASS faisait beaucoup de miracles depuis son jeune âge, il avait en effet par plusieurs reprises, selon les traditions populaires étonné sa propre mère, sa famille, ses compagnons de jeu, etc. ....Il est possible d’écrire un livre sur les prodiges de CHEIKH IBRAHIMA.
Il faut savoir que tout Wali dans la voie soufie a des « dons divins » et des pouvoirs occultes incroyables; ces phénomènes appelés Karaamat al awliyaa peuvent se manifester dès la naissance du dit saint et peuvent continuer de se manifester même après la mort du wali.
Les miracles ne sont pas terminés avec le dernier Prophète, comme le soutiennent certains sceptiques proches des idées LEIBNIZIEENES. Les saints de l’islam jouent le rôle du prophète MOHAMED et peuvent comme ce dernier faire des miracles qui ne relèvent ni du fantastique ni de la magie folklorique ; mais uniquement dans le but de la foi.
Il faut toujours s’attendre à n’importe quel moment de l’histoire à l’émergence d’un homme qui porte en lui ce que les prophètes ont toujours porté dans leur for intérieur. Les soufis sont unanimes sur ce fait et l’homme de ce genre est appelé SAAHIB EL WAQT(propriétaire du temps),ou QUTB ZAMAAN(pôle de l’époque), etc.,....

Le CORAN lui même donne des exemples sur ces genres de personnalités extraordinaires;(cf. la sourate XVIII, verset 65), c’est un des versets qui relate la rencontre de MOISE avec KHADIR (personnage mystérieux qui dans le vingtième siècle a été rencontré par certains mystiques soufis).
l’homme dont il s’agit est un personnage spirituel qui ne peut jamais mourir ;on peut pourtant l’enterrer après son éventuel décès, mais il faut savoir qu’il est permis à un saint de « sortir » de sa tombe et de répondre aux appels ou de voler au secours de leurs fidèles disciples quelques part dans le monde.

CHEIKH IBRAHIMA grandit donc dans son milieu purement religieux islamique d’obédience tidjaniènne. Son père, son unique maître l’initia à des épreuves dures d’apprentissage dans les différents domaines de la vie. Et lui donna une éducation exemplaire.Son père était un grand TIDJANIEN, très mystique on lui attribue certains prodiges dignes d’éloge, mais il était d’une simplicité légendaire et entretenait de bonnes relations avec tous les chefs religieux et surtout avec les tribus maraboutiques de la MAURITANIE et notamment les idaw alites.

ABDOULAH NIASS donna à l’ensemble de ses fils une éducation religieuse capitale, après sa mort en 1922, son fils aîné MOUHAMADOU NIASS prit la direction de la famille et continua les actions de formation spirituelle des adeptes à la place de son père.
Cheikh IBRAHIMA s’est initié à la voie TIDJANIA par plusieurs moqqadems et cela a une importance capitale pour les mystiques et d’autant plus que ces initiations ont eu lieu en dehors du temps lui-même. Il est impossible pour nous ici d’évoquer ces initiations extraordinaires.

Chez les soufis l’initiation a toujours un caractère généalogique importent ; et chaque disciple mystique a son « donneur de wird » qui représente en quelque sorte à son père spirituel .C’est une chaîne spirituelle qui remonte de maître en maître jusqu’au fondateur de la voie qui a comme maître le Prophète MOHAMED paix et salut sur lui.






CHEIKH IBRAHIMA NIASS a quant à lui plusieurs chaînes spirituelles parmi lesquelles on peut énumérer les suivantes:

1-CHEIKH AHMAD TIDJANI(le maître suprême).
CHEIKH MOHAMAD EL HAFEZ
CHEIKH MOHAMED BEDDI
CHEIKH AHMED
CHEIKH ABDALLAHI EL ALLAWI
CHEIKH IBRAHIMA NIASS

2-CHEIKH AHMAD TIDJANI(le maître suprême).
CHEIKH MOHAMAD EL HAFEZ
CHEIKH MOHAMED
CHEIKH AHMED BEN BEDDI
CHEIKH MOHAMED EL KEBIR
CHEIKH IBRAHIMA NIASS

3-CHEIKH AHMAD TIDJANI(le maître suprême)
MA’ZUZ
GHALI IBN MOUSSA IBN MA’ZUZ
CHEIKH IBRAHIMA NIASS

4-CHEIKH AHMAD TIDJANI (le maître suprême)
CHEIKH MOHAMED EL HAFEZ
CHEIKH AHMED BEN MOHAMED EL HAFEZ
CHEIKH MOHAMED SAID BEN AHMED
CHEIKH IBRAHIMA NIASS
5-CHEIKH AHMAD TIDJANI(le maître suprême)
CHEIKH MOHAMED EL HAFEZ
CHEIKH MOHAMED BEDDI
CHEIKH IBRAHIMA NIASS

Ces différents rameaux rattachent CHEIKH IBRAHIMA au maître suprême de la confrérie qui avons nous dit a reçu le wird du Prophète MOHAMED paix et salut sur lui.
Cependant, CHEIKH IBRAHIMA NIASS, soutient dans certaines de ses lettres qu’il a par plusieurs reprises rencontré face à face son Maître AHMAD TIDJANI dans ses recueillements spirituels.
Nous savons que dans la logique soufi cela n’est pas impossible même si entre les deux hommes il y ‘a un écart de plus de cent ans. Le temps et l’espace n’existent pas chez les soufis .Les mystiques ont leur temps et leur espace en dehors de notre temps «spatial» et de notre espace temporel.
D’ailleurs Cheikh IBRAHIMA ne disait il pas dans ses déclarations miraculeuses atemporelles:
« J’ai vu de mes yeux clairement en veille le Prophète MOHAMED à Paris; Ce lieu est-il sa place? »
Cheikh IBRAHIMA dit qu’il cache des réalités qui, si seulement il les dévoilait, les hommes de son temps le tueront. Nous aussi nous ne pouvons tout dire dans ce travail ; et malgré les efforts que nous fournissons nous ne traiteront que superficiellement certaines réalités mystiques du CHEIKH.

Ainsi donc, CHEIKH IBRAHIMA, évolua dans un milieu religieux mais qui n’arrivait pas à le comprendre; les disciples de son père remarquèrent cependant très vite son intelligence suprême et sa grandeur intellectuelle devant son frère aîné chargé pourtant de les encadrer tous.
Dia OMAR écrit: « Désormais , la plupart des disciples préféraient attendre la séance de tafsir(exégèse) que dirigeait IBRAHIMA pour se faire expliquer leurs leçons et on entendait couramment dire: < il explique mieux que le khalife >;ainsi son prestige commençait à s’agrandir au sein de la ZAWIYA au point d’éclipser celui de son frère. Un disciple (OMAR FAYE), demanda un jour au Cheikh de lui renouveler son Wird.... »
Après cet événement le Khalife se sentit offenser et interdira à CHEIKH IBRAHIMA d’enseigner les disciples; ainsi donc la jalousie s’instaura entre les frères et les querelles commencèrent....
Mais le problème réel ne commença que lorsque le CHEIKH proclama en plein nuit de cérémonie de commémoration de l’anniversaire de la naissance du Prophète, qu’il était l’IMAM de la FAYDHA TIDJANIEENE tant attendu et que tout celui qui voulait avoir les secrets du Prophète doit obligatoirement le suivre et se soumettre à ses lois ...
Ces déclarations et les problèmes qui s’en suivront contraindront finalement le CHEIKH à quitter la Famille pour se retrouver à KOSSI (en campagne) où beaucoup de disciples l’y regagnèrent.
C’est dans cette localité que commença réellement le mouvement de la FAYDHA TIDJANIENNE proprement dite. Les premiers disciples commencèrent à découvrir les secrets réels du tidjanisme. Certains d’entre eux y trouveront la mort à cause de la « lourdeur » des flux divins de la première vague mystique tidjaniènne niassienne. Le JAZB(extase ) causé par le ZIKR (invocation du nom de Dieu) entretenait les nouveaux disciples dans les réalités divines.

L’invocation incessante du nom de Dieu par le verset CORANIQUE « LAA ILAAHA ILLA ALLAH »il n’ya de dieu que DIEU), était quotidienne et permanente à KOSSI et indiquait ainsi l’apparition de la FAYDHA TIDJANIENNE.
Déjà en 1927 Cheikh IBRAHIMA avait annoncé dans un long poème l’apparition future de la FAYDHA et exhortait les gens à se préparer et à vider les impuretés de leurs cœurs afin que les flux divins trouvent leurs places:
« Viendra très prochainement la Faydha tidjanienne,
« Préparez vous et videz donc vos cœurs des souillures
« Je vois la Faydha versante et ruisselante comme une source
« Mais ne trouve devant elle que peu d’âmes larges et capables de contenir ses secrets....1

Parmi les premiers disciples de CHEIKH IBRAHIMA, il convient de noter les plus remarquables et qui joueront par la suite un rôle importent dans le mouvement de leur Maître.
On peut citer par exemple:
SERIGNE MBAYE, MAME ABDOU NIANE , OUSMANE N’DIAYE , CHEIKH OMAR TOURE , IBRA FALL , EL HAJ ALIOUNE CISSE (qui sera le bras droit du Cheikh et son premier khalife à sa mort en 1975),BABACAR NIASS ,MOHAMED JEYNABA (frère cadet du Cheikh) ,ELIMANE NIASS ....et les mauritaniens suivants CHEIKH MOUHAMEDDOU OULD NAHWI,CHEIKHANI OULD TOLBA ,MOHAMED EL MICHRI, TIERNO AL HASSAN DEM ,TIERNO ABDOULAYE SAKHO ,.....etc... Nous reviendrons sur les disciples mauritaniens dans les prochaines pages.

Il existe aussi des disciples djinns (des êtres spirituels invisibles) certains témoignages attestent cette réalités; et le Cheikh lui même en faisant l’éloge de la faydha Tidjanienne disait:
« Par ta Faydha ont été sauvés des êtres humains et des djinns,
« Chez les djinns aussi la faydha court, admirez ! donc ce miracle phénoménale. »
Il faut savoir que dans le CORAN, ces êtres sont considérés comme des créatures de DIEU au même titre que les humains. Toute la sourate 55 (le très miséricordieux), et d’autres versets CORANIQUEs en témoignent. Parmi les premiers disciples djinns de CHEIKH IBRAHIMA, on peut citer: N’DIOUMA , NAFAAQA , NIIRA, etc.....
On raconte que lors d’une récolte d’arachide des gigantesques champs d’arachides du CHEIKH, tout le monde a entendu les voix des djinns qui répondaient à l’appel de leur Maître IBRAHIMA qui les remerciait au même titre que les disciples humains d’avoir terminé en si peu de temps de travaux aussi pénibles.


2: LA CREATION DE MEDINA BAYE NIASS (village de IBRAHIMA NIASS dit BAYE

Après plusieurs difficultés avec sa famille parentale qui paraît-il était jalouse de sa renommé grandissante, Cheikh IBRAHIMA alla créer son village personnel à quelques kilomètres de KAWLAKH, village auquel il donnera le nom de MEDINA imitant ainsi Le Prophète MOHAMED qui lui aussi avait dans les mêmes circonstances quitté La MECQUE pour se réfugier à YATHRIB qui deviendra par la suite MEDINE.

Cheikh IBRAHIMA Niass dit BAYE fonda lui aussi sa propre MEDINA qui était pour tout le monde un lieu sacré dans lequel les disciples se sentaient plus libres dans leur devoir religieux de mystiques assoiffés de Dieu. Ils y évoquaient très fort le nom de DIEU sans se gêner et sans gêner personne puisqu’ils leur étaient interdits de le faire à Kawlakh chez le Khalife et ses disciples.
Au début de la création de cette localité, tous les disciples étaient pris en charge par le CHEIKH lui même qui les nourrissait et les protégeait.
Aujourd’hui Médina Baye est une grande agglomération moderne équipée de toutes les infrastructures nécessaires et au centre duquel se dresse la grande mosquée et ses hauts minarets que le voyageur mystique aime contempler à l’approche de la ville.
Et chaque année pour ne pas dire chaque semaine voire chaque jour des milliers de disciples s’y rendent à l’occasion de l’anniversaire de la Naissance du Prophète(Gammou), des prières de Vendredi ou pour le simple plaisir d’être près de l’IMAM de la FAYDHA TIDJANIENNE et bénéficier de sa baraka......

Il est également recommandé à tous les disciples vivants hors de la ville d’y aller après la TARBIYYA(initiation confrérie) dans le but de mieux connaître la valeur spirituelle de la confrérie et prendre les comportements des saints comme référence.

A propos de Médina de BAYE son fondateur disait les vers suivants:
« ...Et s’y déversa le secret de la ville du Prophète(Médina)
« tout ce qui est impur sera écarté sans doute très loin.... »

CHEIKH IBRAHIMA veut dire exactement que le secret de la ville du prophète s’est répandu dans sa médina et que les hypocrites, les sceptiques profanes et les gens de mauvaise foi en sont définitivement exclus et ne peuvent jamais y rester.
Cette ville sacrée au centre du SENEGAL est devenu la capitale du tidjanisme réel et un lieu de rencontre des disciples de toutes les nationalités et de toutes les couleurs comme l’avait si bien prédit Cheikh TIDJANI à propos de sa FAYDHA.


CHEIKH IBRAHIMA ou l’homme Engagé et international

CHEIKH IBRAHIMA NIASS est le marabout qui marqua profondément son siècle, c’était un homme engagé sur tous les plans, il était très ouvert, correcte, intelligent, conscient des problèmes de son époque, sensible au sort du tiers monde et du continent africain en particulier .C’était un homme traditionnel et moderne, mystique mais présent et capable de tout régler, aidait tous les pauvres et nécessiteux.

IL apporta une contribution non négligeable à l’émancipation des masses, à la décolonisation du tiers monde et à la propagation de bons comportements moraux, intellectuels et religieux,...etc...

Il convertit à l’islam des milliers d’individus non pas par le sabre, la violence ou le contrainte, mais par le biais de ses dons intellectuels et par l’esprit de dialogue qu’il a, mais aussi par ses miracles interminables.

Il est considéré comme un des rares marabouts qui acceptent d’enseigner leurs disciples, d’être dérangé à tout moment pour des questions de tout ordre : religieuses, économiques, politiques, psychologique, sociales, etc. ,....
En plus de ses attributs de soufi exemplaire, Cheikh IBRAHIMA soignait toute sorte de maladies et même les maux les plus dangereux et les plus compliqués; en effet il avait le pouvoir de rendre la vue aux aveugles de naissance, le langage et l’ouïe aux sourds-muets, la fécondité aux femmes stériles , la puissance aux hommes atteints d’impuissance , il avait le pouvoir de faire pleuvoir , d’arrêter un violent vent , de voir de loin ,d’écouter de loin , de prédire l’avenir , etc....(1)
Cheikh IBRAHIMA était aussi un infatigable voyageur et avait finit par lier amitié avec un grand nombre de rois, de chef d’état et de gouvernement.
Il allait surtout rendre visite à ses disciples dans des pays éloignés du Sénégal, pour leur renouveler sa reconnaissance.
A chaque occasion de catastrophe, de problème de guerre ou de tension quelconque, il priait pour la paix et exhortait les disciples à la patience et à l’observation stricte des enseignements de la confrérie tidjanienne basée sur le CORAN et la SOUNNA.
Vincent MONTEIL ecrit: « IBRAHIMA NIASS voyage beaucoup, tant au Nigeria, qu’en Afrique du Nord ou en Moyen orient, il joue un le rôle d’un ambassadeur itinérant. »(1)

A chaque fois qu’un problème se posait à l’islam, le CHEIKH prenait sa plume et apportait sa réponse valable; il était aussi en contact permanent avec les universitaires arabes particulièrement ceux de l’université Al azhar du Caire...
Il était tellement engagé dans les affaires politiques et diplomatiques du monde qu’il embarrassait finalement les autorités de son gouvernement qui l’accusait d’être excessif. Il avait souvent des différents avec le Président SENGHOR, qui l’admirait et le craignait en même; « Je sais, disait Senghor, que vous êtes un océan mais vous ne pourrez pas me noyer.. »(2)

Contrairement à beaucoup de marabouts qui exploitent leurs disciples, en exigeant des sommes d’argent et d’autres sortes de biens matériels, Cheikh IBRAHIMA Niass ne demandait rien aux fidèles ; au contraire c’est lui qui réglait les problèmes des disciples, et ne leur demandait que de respecter les enseignements coraniques et la sounna(tradition du prophète Mohamed).

Il fut le premier marabout fondateur d’une coopérative: la C.O.M.A.S (coopérative mutuelle agricole Sénégalaise). Il aimait le travail honorable et interdisait la mendicité aux disciples.

Dans son livre: « JAWAAHIR ARRASSAIL »(Perles des messages)où beaucoup de ses lettres sont réunies sous forme d’encyclopédie, il conseille les disciples de travailler et y donne d’autres directives de bonnes conduites morales et physiques....

Il faut savoir aussi que malgré sa bonne réputation religieuse, Le CHEIKH avait aussi beaucoup d’adversaires ;et ses relations avec les chefs religieux de son pays n’ étaient pas toujours excellentes .
Ses disciples et lui même étaient couramment objet de critique de la part de leur adversaires qui les accusaient d’être excessifs en matière d’invocation du Nom de Dieu....
Dans certaines localités les disciples ont été agressés physiquement mais le Cheikh leur exhortait à la patience, car dit-il c’est toujours Dieu qui se manifeste pour mettre à l’épreuve la sincérité des amoureux d’ALLAH engagés sur la voie divine.












QUELQUES ASPECTS DE SA PENSEE

Evoquer la pensée de Cheikh IBRAHIMA NIASS se révèle particulièrement difficile, car le Cheikh est un labyrinthe, sa pensée est un océan sans rivage. En effet on ne peut savoir par où commencer et par où finir tellement l’homme est multiforme dans son itinéraire philosophique mystique.
Les 75 livres et les milliers de poèmes et de discours qu’il a produit n’ont pas montré toute sa pensée et ses idées mais constituent une allégorie symbolique de la réalité intérieure du Cheikh.
Nous savons quand même que chaque paroles du Marabout et chaque geste à une signification particulière pour l’ensemble des disciples voire l’ensemble de la communauté islamique.
Aujourd’hui les disciples n’ont pas terminé les interprétations de certains passages des livres du Cheikh et certains prétendent mieux comprendre telle ou telle déclaration du Cheikh ; C’est ce qui est aujourd’hui à l’origine de certaines divisions au sein des disciples....
Sur le plan de la connaissance exotérique de l’islam, Cheikh IBRAHIMA niass est un excellent savant ce qui lui a valut le titre de CHEIKH AL ISLAM(le cheikh de l’islam) ; Il était un membre actif des organisations islamiques mondiales ;il a d’ailleurs dirigé l’une d’elle et participait à toutes les conférence islamiques.

La gigantesque pensée de Cheikh IBRAHIMA NIASS est symboliquement exprimée à travers ses livres et ses poèmes .Nous essayerons de résumer à notre manière ce que nous avons compris de l’homme et de montrer brièvement l’essentiel de ce que nous avons lu dans ses livres, ses lettres, et ce que nous avons recueillit de nos informateurs.

Le Cheikh a produit beaucoup de poèmes sur l’amour du Prophète et de Cheikh Ahmad Tidjani .Il a aussi écrit sur la vie des saints de l’islam et de la tradition des soufis. Mais c’est surtout la Faydha Tidjaniènne qui revient dans ses œuvres. Et il se défend beaucoup contre ses adversaires à travers ses poèmes et souvent ironise et critique ses détracteurs. D’autres poèmes sont des prières et des bénédictions ....etc. Cependant ses traductions du CORAN sont les meilleurs et ses interprétations des hadiths (paroles du prophète) constituent des références inégales..


TRADUCTION DE CERTAINS POEMES CELEBRES:

POEME N° 1
« C’est dans mon berceau que j’ai reçu une révélation parfaite,
« Aussi tous les élus de l’invisible reconnaissent-ils qu’ils sont sous ma loi.
« Ils ne traversent les déserts d’EST en OUEST en direction de la Mecque que pour venir subodorer « mon agréable odeur.
« Pourquoi pas ? Puisque ma source, par les temps qui courent est celle de Mohamed et que son « secret circule dans mon corps et sur mon visage.
« Tous mes contemporains ont obtenu une place élevé, exceptés ceux qui détestent ma voie par ce que « esclaves de la passion.
« (...) Je jure solennellement que seul l’homme le plus heureux m’aime et seul le plus malheureux, « jetant feu et flamme me hait.
« Les gens sont sûrs que je suis le serviteur de Mohamed et celui qui s’attache à moi parviendra à « joindre l’ami de Dieu.
« Je ne tiens pas ces propos à la manière d’un saint, qui en proie de l’extase profère des locutions « théopatiques , et je ne suis sous l’effet d’aucune ivresse qui m’aurait ravi la raison.
« Mes écrits font le bonheur du genre humain et celui là ne sera jamais malheureux qui m’aura vu ou « vu mes écritures.
« Si j’ai parlé, c’est par ce que j’en ai reçu l’ordre et cependant je tais un secret que jamais on avait « confié à un autre (...) 1

POEME N° 2:

« L’image d ’ IBRAHIMA, restera un souvenir,
« Quand il retournera chez le seigneur, le très haut;
« C’est lorsqu’ils m’enteront sous le sol qu’ils diront:
« C’était un ordonnateur de bien, même s’il était moins rigoureux;
« Je cohabiterai avec un DIEU donateur généreux
« Dans ma tombe il donnera à son esclave ce qui a troublé le monde,
« D’ailleurs toute ma vie est signes et symbols;
« Elle sera expliquée quand cette tombe sera bouleversée
« J’étais seulement des chiffres hautement élevés et des lignes;
« Marqués dans une personnalité qui prit une forme apparente. »

REMARQUE: Cheikh IBRAHIMA Niass a écrit ce poème deux ans avant sa mort. Et ce poème est aujourd’hui écrit en gros caractère sur un tableau et accroché dans son mausolée à MADINA Baye dans la partie sud-est de sa grande mosquée.

POEME N° 3

« Mon heure a été clarifiée et le bien-aimé(MOHAMED) particularise;
« Et moi je suis un amoureux de taha (MOHAMED) particularisé;
« J’ai été présumé de porter le secret avant ma naissance;
« Educateur de tous les savants de Dieu et purificateur ;
« Et si les Qutb(pôles) un jour me voient de loin;
« Ils me verront et se dirigeront à moi pour accepter mes dons ;
« J’ai vu l’envoyé de DIEU et il m’a confirmé que je suis
« Son ambassadeur dans les êtres étant, je suis purifié ;
« Que soit sur lui le salut de Dieu après sa paix ;
« Ainsi qu’une famille et des compagnons élevés et particularisés. »

REMARQUE: Cheikh IBRAHIMA NIASS veut dire exactement qu’il est le khalife du Prophète Mohamed et qu’il est au dessus de tous les saints de son temps , et que Dieu l’avait choisit avant la création des mondes pour être le guide de tous les mourrides(disciples)
Il poursuit en disant qu’il avait vu le Prophète Mohamed qui l’avait nommé ambassadeur accrédité auprès des créatures pour assurer chez eux une mission d’éducation et de formation spirituelle.


POEME N° 4 :
« J’ai porté en moi le secret du seau de la sainteté;
« J’ai réuni en moi la saveur spirituelle et la connaissance;
« C’est alors que chanta la langue de ma situation (haal) permanente;
« Évoquant des souffles divins du créateur;
« Ma raison se remplit et me supplia :
« Doucement! Ma panse s’est remplie, elle est débordée ;
« Et Dieu me particularisa de sciences et de liberté d’action;
« Dès que je dis à une chose , elle sera immédiatement;
« Et cela par respect de la divinité, Dieu me prit pour son intime ami;
« Et je dis : ;
« Et Mahomed c’est Dieu qui l’a envoyé
« Alors se répandit sur ma personne son secret ;
« Et quiconque m’approchera connaître Dieu l’absolu ;
« Qu’ils soient jeunes ou adultes;
« Puisque le bien-aimé(MOHAMED) m’a approché ainsi que Dieu le maître de l’univers.
« Qu’ils soient des femmes ou des enfants ;
« Qu’ils soient des sujets ou des rois;
« Si seulement je le voulais, la FAYDHA se répandrait sur toute la terre;
« Et tout le monde posséderait ses secrets océaniques ;
« Est témoin de cela tel type et tel type
« Ainsi que tel autre, est diffèrent de ;
« Une autre fois vous verrez des miracles;
« Venant du secret de la sainteté, l’imam des saints (CHEIKH TIDJANI)
« Et tout ceci n’est autre que la Faydha tidjaniènne;
« Don de l’élu de Dieu parmi les humains l’arrière petit fils d’adnane
« Dieu m’a fait exister pour colmater les brèches.
« En effet je suis le porteur du secret du secret (sirru sirri)

REMARQUE :CHEIKH IBRAHIMA NIASS annonce dans ce poème son rôle d’Imam de la faydha tidjanienne et met en relief sa mission de faire connaître aux humains de toutes les catégories et classes sociales les secrets de la tidjania .
Certains termes difficiles à traduire nous ont poussés à donner des sens approximatifs. En effet le seau des saints est le dernier doté de voies mystiques. Comme le prophète est le dernier des envoyés de Dieu ,CHEIKH TIDJANI est également considéré par certains soufis comme le dernier des saints de l’islam(voir plus haut)...CHEIKH IBRAHIMA qui est un saint rentre dans le cadre des khalifes tidjaniens ;Aucune voie spirituelle venant de Dieu ne verra jour après celle de CHEIKH AHMAD TIDJANI .Cheikh NIASS a seulement fait revivre la confrérie qui commençait à s’affaiblir sur le plan spirituel: il est le khalife suprême libre et éternel de son maître.

A travers ses poèmes nous venons de voir quelques aspects de la pensée de CHEIKH IBRAHIMA NIASS qui, avons nous dit est difficile de comprendre et de traduire.
...... à suivre....

Yall Mouhamadou
myale2002@yahoo.fr