mercredi 25 avril 2007

Ckeikh Hassan DEM

Extraits : Mémorial des Saints Tijânî, compagnons de Cheikh Ibrahim Niass

Source : Un des disciples de Cheikh Al-Hassane Dem (RA), Djibril Bokoum, fils de Souleymane Bokoum, a demandé au cheikh de lui raconter son itinéraire. Ce dernier, accéda à sa demande et dicta à son disciple Mouhamed Dramé un résumé succinct de sa vie, de son éducation, de sa rencontre avec Cheikh Ibrahima Niass, etc. , le 13 Novembre 1981 à Kaolack Médina Baye, correspondant au 15 de Muharram en 1402 (H). Cheikh Djibril Bokoum m’a autorisé à transcrire ses notes.

Préambule:

Cheikh Al-Hassane Dem, que Dieu l’agrée, a dit : Au nom de Dieu le Miséricordieux, le Tout Miséricordieux qui a dit : « Quant aux bienfaits de Ton Seigneur, raconte les », salut et paix sur le prophète Mouhamed qui a dit « ne serais je pas un adorateur reconnaissant?».Je raconte ici mon itinéraire dans la voie la recherche de la science et mon l’accession vers lui. Je suis né dans le village de Sinthiou-Dangthté dans la région de Podor en 1920, soit en 1440 H. Mon nom est Al-Hassan Dem fils de Mouhamed Samba Moussa, fils de Moussa Samba, fils de Ali.

Son ascendance :

Cheikh Al-Hassane Dem est né dans le village de Sinthiou-Dangthté dans la région de Podor en 1920, soit en 1440 H. Il est fils de Mouhamed Samba Moussa, fils de Moussa samba, fils de Ali.Son grand-père Ali, lui est venu du village Fummi Hâridim-mubi. Il partit vers la côte riveraine du côté Mauritanien à la recherche de la science et de l’apprentissage du coran. Il y apprit par cœur le coran (Hafiz) puis descendit à Haleybé et enfin s’établit à Harélâhu, où s’étaient aussi établis des gens de Haleybé. Il fut aussi de ceux qui fondirent Haleybé. La mère de Cheikh Al-Hassane Dem est Fatoumata Kelly, fille de Ilymâne Bôyil, fils de Ilimâne Omar, fils de Abdoul Tafsir, fils de Tafsir Omar Kelly, ce dernier étant célèbre par sa sainteté et par l’accomplissement de miracles.

Son enfance et le miracle du fleuve:

Il a grandi à Sinthiou-Dangthé jusqu'à l’âge de sept ans. A cet âge il se rendit chez son grand-père Ilymâne Bôyil, où il entreprit ses études coraniques auprès de son oncle paternel El Hadj Abdoul Kelly. Après cela, il a dû arrêter ses études quelques années, mais son cœur était très attaché à la science. Un jour, il sorta du village Gourel en direction du village Jullûm. Il y avait un fleuve nommé Lugué entre les deux. Pendant qu’il passait à côté de celui-ci au moment de la sieste, alors que le fleuve était sec, il aperçut un trou, pas très profond, dans le lit du fleuve d’où jaillissait un liquide d’une blancheur lactée. Alors, grâce à sa main, il y but trois gorgées. Le liquide avait le délice du miel pur. Quand il voulut prendre une quatrième gorgée, le liquide disparut miraculeusement. Il fut très étonné par cet événement qu’il relata à son grand- père Moussa Samba Kelly, alors considéré parmi les vertueux. En interprétant cela, ce dernier lui dit : « Vas à la rencontre de la science, tu l’acquerras sans peine ». Alors, Il (Cheikh al-Hassane Dem) décida de prendre le chemin de la science, par la force et la puissance d’Allah. Quand il prit congé de sa mère à l’aube, elle prit sa tête et récita trois fois la Sourate de la Destinée (Chapitre 97 du Coran), puis elle souffla sur ses seins et lui demanda de téter et puis lui dit : « Vas, le regard de Dieu ne te quitteras jamais. » Il quitta les siens alors avec un cœur léger et joyeux.

Son éducation par Cheikh Sa-îd Chu-arâ:

Il se rendit d’abord à Kanel où il rencontra un grand savant expert en sciences islamiques, vertueux, élevé, un saint accompli, répondant au nom de Thierno Sa-îd Chu-arâ. Il est resté à côté de lui quatorze ans durant lesquels il apprit les sciences islamiques : la loi islamique, la littérature arabe, la syntaxe et la morphologie, les fondements de la loi, l’étymologie, la logique, la rhétorique etc. Il se mit entièrement à son service. Ce dernier l’aimait d’un amour profond. Il se plaisait à le regarder longuement et lui disait à la suite : « J’espère que tu trouveras la grande ouverture (Al Fatha) et que tu accèderas à l’enceinte scellée du Seigneur (Al- wussûl) » Il ne cessa de lui répéter cela car ayant aperçu sa grande préoccupation pour la science et son assiduité dans l’adoration divine. Enfin, il reçut de ce Cheikh, les sciences de la voie de Cheikh Ahmed Tidiane et de ses secrets.

Les circonstances de sa rencontre avec Cheikh Ibrahim NIASS:

Un jour, Thierno Sa-îd Chu-arâ partit à la Mecque en pèlerinage et laissa à Cheikh al-Hassane Dem la charge des siens. Il s’occupa de ses affaires pendant des années (en ce moment, le pèlerinage se faisait avec des moyens de transports rudimentaires et durait des années, note du traducteur).Alors qu’il revenait du pèlerinage, il rendit l’âme dans un village appelé Umudourmane. La nouvelle de son décès attrista profondément Cheikh al-Hassane Dem. Il passa la première nuit après ce décès à méditer sur la situation en se demandant où il pourrait bien trouver un maître semblable qui excellait dans la science, dans le noble caractère, dans la religion et dans la sincérité envers Dieu, par lequel il accèderait à ses buts.Le sommeil le trouva dans cette expectative. Il vit alors en songe Cherif Mohamed Al Makhtar, un saint vertueux, qui lui donna trois poignées de mil. Il lui donna une première poignée et lui demanda de la manger ; ce qu’il fit. Il trouva que le mil était comme du sucre. Il lui donna une deuxième poignée et la même scène se répéta. Quand il lui donna une troisième poignée et lui demanda de manger, Cheikh Al-Hassane se dit en son for intérieur : « Ce grand saint me donne du mil, au lieu de prier pour moi ». Il finit par lui dire : « Ô Chérif prie pour moi ». Il répondit : « Que voulez-vous ? ». Il lui dit : « La science et la connaissance de Dieu (ma’rifa billah). Il commença à prier sans que Cheikh al-Hassane n’entende ce qu’il disait. Ensuite il cracha sur ses mains jusqu’à ce qu’elles se soient mouillées et blanches de ses crachats. Il mangea le mil blanc des crachats. A peine Cherif Mouhamed Mokhtar s’est-il retourné, qu’apparut Thierno Sa-îd Chu-arâ, dans le même songe, dans des habits verts dans un âge très jeune. Il lui dit en souriant : « as-tu vu Mouhamed Al Makhtar ? ». A la suite d’une réponse positive, il lui dit encore : « a-t-il prié pour toi ? ». Il répondit par l’affirmative. Il lui dit alors : « Moi aussi j’ai prié pour toi, pour que tu obtiennes tous les bienfaits ; celui que tu cherches se trouve dans l’Ouest ». Cheikh lui demanda des précisions et il lui dit : « Vas à Kaolack pour y trouver Cheikh El Hadj Ibrahima Niass ; il n’y a pas sur la terre quelqu’un plus connaissant Dieu que lui ».Quand il se réveilla, il écrivit une lettre adressée à El Hadj Ibrahima NIASS, avec pour toute adresse : Kaolack. Il n’avait jamais entendu son nom auparavant et ne le connaissait pas du tout. Celui-ci répondit en lui envoyant dans la lettre les litanies à réciter (zikr) avant leur rencontre. Il lui annonça dans la lettre beaucoup de choses que Dieu a réalisées par la suite.

Résumé de son compagnonnage avec Cheikh Sa-îd Chu-âraa:

Thierno Sa-îd Chu-arâ s’étonnait beaucoup de l’état de Cheikh al-Hassane Dem, de la grande facilité avec laquelle il assimilait les leçons. Il lui conféra une autorisation complète dans la Voie Tijâniyya ainsi que dans l’ensemble des voies et secrets à sa disposition. En particulier il lui donna des choses à l’exclusion de toute autre que lui.

Son compagnonnage avec Cheikh Ibrahima NIASS:

Il quitta alors le Fouta pour Kaolack pour y rencontrer le Shaykh accompli, le maître de la grande profusion ou abondance (al faydh), de la lumière éclatante et du secret étincelant, porteur du drapeau de la voie Tijaniyya, le khalif de Cheikh Ahmed Tijan, Cheikh al Islam Ibrahim fils de El-Haj Abdallah. Il resta avec lui et fut son compagnon durant vingt huit années.Il reçut de sa part des connaissances, des secrets et des lumières qui comblent tout pèlerin et le dispensent de toutes autres recherches.Il le servit de toutes les servitudes par la plume et par le chapelet.Particulièrement, il s’occupait de retraites spirituelles (khalwa et riyâdhiyât). Il lui fit d’abord une retraite spirituelle de huit (8) jours appelée khâsatul-ulyâ (La particulière des plus grandes), ensuite une retraite spirituelle de soixante douze (72) jours appelée khalwatul al-samdhaniyya al-kubrâ (La plus grande retraite éternelle). Ensuite il lui fît régulièrement des retraites spirituelles de quarante (40) jours durant sept (7) ans. Il répétait ces retraites au point qu’il était devenu comme un chameau libre se promenant dans les khalwas comme le chameau se promène dans les prairies.Il obtint de ces retraites des visions que sa langue ne peut prononcer et que sa plume refuse d’écrire bien que son esprit ait voulu les dicter. Dieu lui a gratifié de la grande ouverture (al-fath) et lui a ouvert les sciences et les gnoses, les secrets, les lumières, les profusions, les parfums divins. Louange et remerciement à Dieu. Dieu lui a fait comprendre la profondeur du Coran et les sous-entendus des traduction du Prophète (SAS) et le sens profond les paroles des soufis qu’il entendait et comprenait comme si c’est lui qui les avait énoncées.Gloire à Dieu pour l’étendue de cette lumière qui s’est manifestée dans le cœur. Ce petit homme pêcheur de surcroît est devenu, par la grâce de Dieu, celui qui se promène dans les profondeurs des mers de perles des sciences, de la loi apparente (charî-a), de la voie (tharîqa) et de la haqîqa. Notre maître Cheikh Ibrahîm nous a donné l’autorisation suprême (Ijâza multqa châmila) englobant toutes les sortes d’autorisation dans la voie Tijâniyya. Lui-même, Cheikh Ibrahima Niass, a reçu cinquante autorisations dont les vingt cinq sont totales (mutlaqa). Son autorisation à mon égard englobe toutes celles dont nous venons de parler. Louange soient rendus à Allah, tous ses maîtres sont accomplis et il n’a jamais servi un maître non complet.

Ses ouvrages:

Il a composé plusieurs ouvrages dont quatre imprimés :
Mawrid al-ridha fî al-salât ala al-nabiy : le point de breuvage de l’agrément dans la prière du Prophète).Miftaah al_wusuul ilà hadhrat al-rasûl : la clé de l’accession à l’enceinte du prophète (SAS)Nûr al-kamal fî mach-had al-rijâl : la lumière de la complétude dans les sentiments des soufis.Nayl al-marâm fî su-âl al-haj ubârin-guin : la réalisation des désirs par le questionnement de ElHaj Ubâ-rin-guin.
Il a aussi composé d’autres notes non encore publiées

Ses voyages et conférences publiques:

Il commença alors ses voyages dans les différentes contrées et pays hors du Sénégal et y tint des causeries publiques (majâlis) depuis des années.Ses dernières conférence eurent lieu en l’an 1396 H, soit en 1976 AJ.Il partit au Mali et en Haute-Volta puis au Ghana, dans leurs villages et villes.Il y tint cent vingt neuf (129, poids numérique du nom d’Allah Lathîf) conférences, durant lesquelles il a parlé de la loi islamique, la Voie Tijaniyya et de la Haqiqa.Cinq mille personnes entrèrent alors dans la Voie Tijâniyya lors de ce périple.Il se rendit ensuite au Maghreb, en visite auprès de son maître Cheikh Ahmed Tijân à Fèz. Il lui fît la ziyâra ainsi qu’à vingt huit (28) de ses compagnons, certains à Fèz, certains à Meknes, certains à musâwa, d’autres à Casablanca. Ces savants du Maghreb à qui il rendu une visite furent au nombre de 28 saints. Il a prié auprès au près de la tombe de chacun d’entre eux.Il a aussi visité d’autres à Tunis, en Egypte, au Hijâz, au nombre de seize (16).Il connaissait leurs noms et leurs histoires. Les gens de Maghrib ne connaissaient pas l’emplacement de leurs tombes.Il y a aussi d’autres dont il n’a pu accéder à leur pays ceux d’Algérie. Il les a tous associés à la ziyâra auprès du tombeau de Cheikh Ibrahîm al-Rayâhî à Tunis. Il a aussi visité la zâwiyya de Cheikh al-arabî al-sâ-ih à Rabat où il tint aussi quatre conférences.Il a donné une conférence à Casablanca et une au Caire et 59 conférence au Nigéria, à Kano et d’autre villages. Au total, il a tenu 201 conférences dans un périple qui l’a mené au Maghreb, en Tunisie, en Egytpe et au Nigéria. Il a parlé de la charî-a (loi islamique), de la Voie et de la haqîqa. Le public fut très dense dans ses conférences. Ils écoutaient la quintessence des sciences et tombaient par terre dans leurs cœurs tout enivrés. Ils n’étaient point enivrés mais c’est le plaisir d’entendre les sciences divines et les expressions pures émanant de l’enceinte des dons divins qui rendaient ébahi l’esprit des hommes et qui passionnaient les cœurs des hommes de haute facture et les faisaient entrer dans la Voie Tijâniyya par son entremise. Dans ce périple, entrèrent dans la Voie un grand nombre de personnes difficiles à dénombrer.Au Caire, il a rencontré Mouhamed Al-Hâfiz fils de Abdou al-Lathîf et il lui donna une autorisation écrite, complète et totale (Ijâza âmma mutlaqa) de l’ensemble de ses vingt (20) autorisations. Que Dieu récompense ses pères et grand-pères dans cette voie de bienfaits.

Conclusion

Louange à Dieu qui lui a fait vivre cette parole de Cheikh Ahmed Tijaan, dans son livre Jawâhir al-ma-ânî : quand un disciple sert un maître avec sincérité et que celui-ci vienne à décéder avant qu’il n’atteigne ses objectifs, c’est ce maître qui lui indiquera dans le barzagh (monde intermédiaire entre la vie présente et l’au-delà) celui qui va réaliser ses buts. Cette parole s’est réalisée dans la vie de Cheikh Hassan Dem. Il a servi Thierno Sa-îd Shu-araa avec amour. Il décéda et lui indiqua depuis l’autre monde,Cheikh Ibrahim NIASS. Il se présenta à lui pour obtenir la grande ouverture (al-fath) dans les sciences et la gnose.
Louange soit rendu à Dieu

mardi 24 avril 2007

Prière soufie selon Cheikh Ibrahima NIASS

Par : Yall Mouhamadou

Introduction :

Il est permis de dire haut et fort et sans risque de se tromper que le soufisme ou mystique musulmane est le vrai visage de l’islam. Combattu de l’intérieur par les défenseurs de l’exotérisme prisonniers des textes sacrés, méconnue de l’extérieur à cause de son caractère fermé, le soufisme continue de fasciner aussi bien ses détracteurs que ces admirateurs.

Plusieurs chercheurs ont écrit sur le soufisme sans jamais montrer clairement sa réalité, car l’objectif de ces auteurs occidentaux ou arabes était de faire connaître les grands Maitres soufis de l’âge d’or du mysticisme musulman du Xème siècle de notre ère. Et depuis ce temps glorieux des grands maitres soufis, plusieurs chercheurs pensent à tort que le soufisme est entré dans la décadence avec l’apparition des confréries.

Nous allons démontrer que ces auteurs n’ont aucune raison d’affirmer que le soufisme est dans la décadence en essayant de vous présenter autrement la mystique musulmane que ni l’occident, ni l’orient n’ont jamais montrée.

Nous reconnaissons cependant la complexité du sujet du fait de l’ambiguïté du mysticisme qui ne facilite pas la tâche aux esprits non avertis. Car pour faire comprendre le soufisme aux personnes non initiés, il faut simplifier les idées par l’usage d’un langage commun et compréhensif. Or le soufisme est confronté à une double énigme : pour se faire comprendre les mystiques doivent extérioriser le monde intérieur qui les anime, ce qui est impossible, et en outre s’il garde le silence personne ne pourra les comprendre. Ils sont ainsi dans l’obligation de fournir effort de communication ne serait-ce que pour recruter des futurs amis de Dieu.

En outre ce que vous allez lire vous laissera sur votre faim, car la complexité du sujet fait que nous sommes obligés de nous simplifier pour que cette complexité devienne simplicité, mais en devenant simplicité, elle devient encore plus complexe et le cercle se referme.

Nous espérons surtout que nous aurons apporté notre contribution à ce que Mircéa Eliade a appelé « l’interminable morphologie du sacré ».

Le texte s’articulera autour des chapitres suivant :

Chap 1 : la prière chez les soufis
Chap2 : les prières tidjaniennes
Chap3 ; les prières d’initiation : objectifs et sens
Chap4 : l’importance de la personnalité du prophète Mohamed
Chap5 : le soufi est-il Asocial ?
Chap6 : les obstacles sur la voie de Dieu
Chap7 : le sens mystique des cinq piliers de l’islam
Chap8 : Caractéristiques et objectifs de la prière soufie
A suivre……

Ziyaara annuelle de Thierno Boubou BA

La Ziyaara annuelle de Thierno Mamadou Aly BA dit Thierno Boubou BA a été célébrée le 20 avril 2007. La ville de Bababé a accueilli des centaines de fidèles. À l’image de la Ziyaara de Boghé, celle de Bababé a connu une forte affluence de fidèles qui sont venus des quatre coins du pays (Zouérate, Nouadhibou, Nouakchott, Bababé, Niabina, Taga..) et de l’étranger (France, Sénégal, Gambie, Mali,).

Les deux Chefs religieux étant très proches et amis de longue date les disciples de Thierno Abdallahi DIA à Boghé et à Nouakchott étaient en première ligne pour donner à cet événement un cachet particulier. Disons qu’une grande complicité lie Thierno Abdallahi DIA et Thierno Boubou BA. D’ailleurs l’animation de la plus grande partie du temps est assurée par le grand soufi de Boghé que le public de bababé connaît déjà très bien. Tous les deux Maitres soufis œuvrent pour la propagation de la Fayda Tidjanienne de Cheikh Ibrahima NIASS au Fouta (vallée du fleuve Sénégal).

Les guides spirituels étaient comme à l’accoutumé, accompagnés des disciples venus renouveler leur reconnaissance et leurs dévouements au Grand Maître soufi de Bababé.

Les organisateurs de ce grand évènement religieux ont mis les bouchées doubles et la ville de Bababé était en effervescence au rythme de la grande ferveur populaire et des séances de zikr des délégations des talibés venues d’horizons divers.

Une importante logistique a été mise en œuvre par les proches du Cheikh pour accueillir durant deux jours des fidèles versés dans l’amour de Dieu et du prophète Mohamed Salalaahu aleyhi wa salam.

Le programme de la Ziyaara s'est déroulé comme suit :

1-Présentation du mémoire de fin d'études coraniques du fils de Thierno Boubou et Intervention des encadreurs de l'étudiant prononçant des paroles d'éloges et de reconnaissance à l'endroit de Thierno Boubou et de son fils ;
2-Intervention de Thierno Boubou BA sur la vie et les œuvres de Cheikh Tidjane;
3-séance de Questions/réponses sur la Tariqa Tidianya, la connaissance de Dieu, la Sharia et l'islam en général, animée par Thierno Abdallahi DIA;
4-Séances de Zikr
5-Lecture du Coran et bénédictions

Amadou Moussa NGAIDE et Mamadou Moussa YALL

Ziyaara annuelle de Thierno Abdallahi DIA

La ziyaara annuelle de Thierno Abdallahi DIA a été célébrée le 09 février 2007 à Boghé. À L'instar des précédentes années, l'événement de 2007 a connu une forte affluence de fidèles venus des quatre coins du pays (Zouérate,Nouadhibou, Nouakchott,Bababé, Niabina, Taga ..) et de l'étranger( France, Sénégal, Gambie, Mali,). Seuls ou accompagnés de leurs guides spirituels, les disciples sont venus renouveler leur reconnaissance et leurs dévouements au Grand Maître soufi de Boghé. Une grande ferveur populaire et des séances de zikr annonçaient l'arrivée des délégations que des comités d'accueil orientaient vers des lieux de repos avant le début officiel de la cérémonie aux environs de 17 heures.
Rappelons que c'est en 1994, sur proposition de Thierno Mohamed El Moctar BA, un mystique tidjanien, qu?a commencé la célébration de l?événement religieux consacré à la grandeur de Thierno Abdallahi DIA. Depuis cette date, les propres disciples du Cheikh ont repris l'initiative en main pour donner à cet événement ces lettres de noblesses. Contrairement à d'autres ziyaras célébrés un peu partout dans la sous région, la rencontre de Boghé est plus moderne et plus instructif à l'image de la dimension spirituelle, intellectuelle et culturelle de Thierno Abdallahi DIA. En effet le Cheikh propose au public venus lui rendre des éloges de poser des questions sur les difficultés de la pratique religieuse, mais aussi sur la métaphysique, la philosophie islamique, et la mystique.
Cette année, la ziyaara de Thierno Abdallahi DIA a eu un cachet particulier. En ce sens que les séances du zikr (invocation de DIEU) ont été conduites par une jeune femme (Ayda FAYE), infatigable et d'une voix exceptionnelle, elle a ému l?assistance et mis en transe plusieurs fidèles. L?autre aspect de la ziyara qui a retenu l'attention de tous les disciples c?est l'éloquence d'un jeune disciple du Cheikh (Thierno Amadou BA). On a assisté pour la première fois dans l?histoire des ziyaara de Thierno Abdallahi DIA à une conférence animée par un disciple, car jusque là le cheikh se chargeait lui-même de cette tâche que personne ne pouvait faire. Disons que le jeune Amadou Bâ qui a fait ses études à Boghé au côté du cheikh était à la hauteur du débat et à satisfait tout le monde.
Programmes de la Ziarra:
1- Intervention des disciples récitant des poèmes d'éloge et de reconnaissance à l'endroit de Thierno Abdallahi DIA;
2- Projection d'un documentaire sur la vie et les enseignements de Thierno;
3- Conférence sur la vie et les enseignements de Cheikh Baye NIASS animée par Thierno Amadou BA
4 - Intervention de Thierno Abdallahi DIA sur le Thème :"Pourquoi Dieu a créé l'Homme?"
5- Intervention de Thierno Boubou BA sur les bienfaits de la Tariqa Tidianya;
6- séance de Questions/réponses sur la tariqa Tidianya, la connaissance de Dieu, la Sharia et l'islam en général, animée par Thierno Amadou BA;
7- Lecture du Coran et bénédictions.

Mouhamadou Moussa Yall et Amadou Moussa NGAIDE

Bref aperçu sur la vie de Thierno Abdallahi DIA


Thierno Abdallahi DIA est née en 1929 à Boghé en République Islamique de Mauritanie. Son père est le premier à l’initier à l’enseignement du Coran en 1937 avant de le confier à Thierno Abou Mamadou Sileye DJIGO de Lopel.
En 1946, il continua ses études auprès de Thierno Bocar Yéro DJIGO de Bakao avant de poursuivre auprès de Thierno Aliou Samba DEM à Monguel au cours de la même année.
A 14 ans, Il avait déjà achevé les études coraniques. Il fut très remarqué par sa détermination, sa bravoure, sa volonté de réussir et son endurcissement au travail.
Il s’enrôla dans l’armée française en 1948, y resta pendant trois ans et la quitta avec le grade de «Caporal», une distinction particulière et honorifique difficile à obtenir à l’époque.
Après son service militaire et en 1952, il intégra l’école coranique et islamique de Thierno Amadou Néné BA à Kaédi pour une période de quatre (4) mois pour réviser ce qu’il avait appris avant son enrôlement à l’armée française. Au cours du dernier mois de cette période, il enseigna plusieurs disciples de cette école.
De son départ de Kaédi en juin 1952 jusqu’en 1955, il enseigna les sciences exotériques à Boghé avant d’intégrer l’école coranique de Thierno Bocar SOKHO de Touldé/Boghé où il enseigna pendant deux ans et demi.
Au cours de l’année 1955, Thierno Abdallahi DIA s’est mis en rapport avec Thierno Abdoulaye SAKHO pour apprendre auprès de lui les sciences ésotériques. Au cours de cette même année, la révolution spirituelle (fayda) eut lieu à Boghé entraînant des malentendus entre jeunes disciples de la fayda et les grands marabouts de la zone.
Traditionnellement la vénération de Dieu s’arrêter aux habitudes simples connues par tous, mais cette révolution spirituelle animée par le groupe de Thierno Abdallahi, introduit de nouvelles méthodes pour voir Dieu, l’approcher, le connaître au vrai sens du mot. Le mouvement secoua tous les érudits de Fouta. Thierno les vaincu tous dans les duels qui les opposaient en donnant des arguments coraniques irréfutables.
En 1956, Thierno Abdallahi réintègre l’école Coranique de Cheikh Sidi Ould WAGHF, un érudit d’Aleg pour réviser le Coran et renforcer ses connaissances coraniques pendant trois mois.
En 1957, Thierno Abdallahi se rendit à Kaolack (Sénégal) pour apprendre la traduction du Coran auprès de Cheikh Ibrahima NIASS pour une période de trois mois. Il y obtient la distinction du mérite dans la traduction du Coran et fut désigné comme Khalife dans la Voie Tidjanie.
En 1959, Thierno Abdallahi DIA fut recruté comme enseignant arabe dans les écoles primaires. Il enseigna deux ans à NDiagou, une année à Ndiorol, deux ans à Boghé et trois ans à Kaédi.
Le Gouvernement Mauritanien l’envoya au Cameroun pour enseigner l’arabe. Il a participé à une conférence internationale sur l’islam à Fès au Maroc où il a été très remarqué par la richesse de son intervention.
Il intégra l’enseignement secondaire. Il enseigna pendant quatre ans au collège de Kaédi avant de rejoindre celui de Boghé.
De 1970 à 1982, il a occupé les postes de préfet à Oualata, Boumdeyd, Monguel et celui de Gouverneur adjoint à Néma.
En 1982, il pratiqua son devoir de pèlerinage à la Mecque. A son retour il sollicita au Gouvernement mauritanien une affectation à Boghé pour y reprendre l’enseignement arabe au niveau du lycée. Ce qui lui fut accordé.
C’est en 1985 qu’il a fait valoir ses droits à la retraite. Et depuis cette date à nos jours, il se consacre à l’enseignement des sciences exotériques et ésotériques, la mosquée, les conférences islamiques sur invitation, l’animation de débats par questions/réponses (Al bâbou Maftouh). En plus de la dimension religieuse, le Khalife partage une partie de la vie à l’exploitation de ses rizières au niveau du casier pilote de Boghé.